Nouveaux métiers

Nouveaux métiers

Sont-ils vraiment nouveaux ou ont-ils été redéfinis pour s’adapter aux besoins du monde dans lequel nous vivons ? il n’en demeure pas moins que ces métiers n’étaient pas pratiqués de la manière dont ils le sont aujourd’hui. Que sont-ils ? En quoi consistent-ils ? 

 

Dre Suzanne DÉOUX Consultante en santé  du bâtiment

Il y a 30 ans, en juin 1986, après un triple constat :

 
1. on ne peut prétendre guérir un patient sans prendre en considération les influences de son environnement quotidien. L'idée n'est pas neuve. Hippocrate l'a énoncé, il y a 25 siècles.
2. il y avait, au début des années 80, une carence importante d'information sur cette relation santé-bâtiment, au sein du monde médical et des professionnels du bâtiment. L'emploi irréfléchi de " l'amiante " a entraîné une prise de conscience.
3. La médecine moderne ne peut se réduire aux seuls actes de soins. Les prescriptions de réalisation de bâtiments sains se situent en amont de la maladie et contribuent à l'éviter. Cette prévention est un acte médical à part entière permettant de limiter les dépenses de santé. Des actions bien comprises en matière d'habitat participent à la protection de la santé au sens large du complet bien-être.
 

Docteure en médecine, Suzanne Déoux devenait la première consultante en santé du bâtiment. Elle est aujourd’hui professeure associée à l’Université d’Angers dans le cadre du  Master «  Risques en Santé dans l’environnement bâti ». Intervenante dans de nombreuses formations des professionnels du bâtiment et de la santé. Gérante de Medieco, conseil en ingénierie de la santé dans le cadre bâti et urbain. 

 
Elle reste consultante auprès des industriels pour l’évaluation sanitaires des produits et des équipements du bâtiment.  Elle effectue également des missions d’assistance à maîtrise d’ouvrage et à maîtrise d’œuvre pour des bâtiments à faible impact sanitaire. 
 
Elle est aussi auteure et co-auteure de plusieurs ouvrages dont L’Écologie, c’est la santé (1993), Habitat Qualité Santé (1997), Le Guide de l’habitat sain (2002, 2004), Bâtir éthique et responsable (2007), Bâtir pour la santé des enfants (2010).
 
Trente années très occupées pour cette femme qui intervennait encore récemment dans le journal français Le Figaro :  «...Le propre n'a pas d'odeur. Dans une garderie, si cela ne sent pas le désinfectant ou l'essence de pin, les parents mettent en doute l'efficacité des produits d'entretien et le bien-être de leurs enfants », raconte-t-elle. Un gros changement culturel doit s'opérer, estime-t-elle. Ce déconditionnement promet d'être difficile car l'odorat est très lié aux émotions.
 
Suzanne Déoux explique qu'un simple détergent suffit à nettoyer efficacement sa maison. 
 
Ce type de produit contient une molécule tensio-active qui décolle la saleté et met en suspension dans l'eau la crasse et 90% des bactéries, qui sont alors éliminées par le rinçage. En revanche, pas besoin de bactéricides, c'est-à-dire de produits tuant les bactéries comme les antibactériens et l'Eau de Javel. « Il faut arrêter d'utiliser l'Eau de Javel, y compris dans les toilettes. La chasse d'eau suffit et cela évitera de tuer les bactéries utiles dans les stations d'épuration », insiste Suzanne Déoux. Vouloir éliminer toutes les bactéries est dangereux. Cela favorise le développement des bactéries les plus résistantes et l'apparition d'allergies.
 

Conseillers médicaux en environnement intérieur

 
Elle n’est plus seule à parler de ce sujet. Les médecins sont de plus en plus nombreux à faire appel aux services des conseillers médicaux en environnement intérieur (CMEI). 
 
Cette profession en plein essor réalise, sur prescription médicale, un audit du domicile du patient pour tenter d'y déceler la cause des troubles. On compte une cinquantaine de CMEI en exercice en France, pour la plupart salariés de collectivités territoriales, des Agences régionales de santé (ARS) ou de centres hospitaliers, qui prennent à leur charge le coût du service. Lors d'une visite d'une heure trente en moyenne, le conseiller «ausculte» le domicile du malade pour repérer les éventuelles sources d'allergènes (peintures, meubles, animaux…), donne des conseils pratiques et fait éventuellement des prélèvements d'air ou de poussière pour confirmer son diagnostic par des analyses biologiques.
 
 
 

François Perron, anéantisseur d’odeurs

En 1984, sortait sur les écran le film GhostBuster. Il allait donner naissance à une série de chasseurs de toutes sortes de choses. Quelques années plus tard, François Perron commençait sa carrière d’anéantisseur d’odeurs. 

 
Inventeur dans l’âme, il n’a de cesse de trouver des solutions pour améliorer le quotidien de ses concitoyens. Passionné par les odeurs et leur contrôle, il comprend rapidement que lorsqu’une odeur est considérée comme “mauvaise” on va souvent chercher à la masquer (avec un parfum) et plus rarement à la “neutraliser” (la “détruire”). Nous sommes dans les années 90, les années chimiques.
 
S’inscrivant délibérement à contre courant de son époque, il va tourner le dos aux solutions de synthèses et va s'appuyer sur les travaux d’un scientifique flamand, Hendrik Zwaardemaker (1857 - 1930), qui a découvert qu’à chaque mauvaise odeur on pouvait trouver une odeur spécifique qui la neutralisait (principe des Paires Zwaardemaker). 
 
Le Néerlandais se servait déjà des effets des huiles essentielles. Aujourd’hui encore, on constate que ce sont ces mêmes substances qui neutralisent efficacement les odeurs selon le principe décrit à la fin du 19ème siècle.
 

Pour François Perron, il n’existe pas de meilleure manière de convaincre que de laisser son produit prouver son efficacité. Une fois qu’il a découvert l’odeur à associer à celle à contrer, il laisse son produit agir et convaincre. C’est ainsi qu’au fil des années, il a bâti la réputation de BioService . 

 
Vingt ans plus tard, il regarde ceux qui sont venus travailler avec lui pour ensuite aller créer leur propre entreprise sans comprendre que tout le secret réside dans la découverte de la contre odeur puis la fabrication du produit spécifique au problème à résoudre.
 

Pour François Perron, en matière de destruction d’odeurs industrielles, il est impossible d’arriver avec un produit générique qui fonctionnerait partout à 100% et à chaque fois. Ce produit n’existe pas. 

 
Penser que l’on peut importer une substance, la diluer puis l’utiliser dans toutes les situations relève de l’absurde.
 
Avec François Perron, la chasse aux odeurs industrielles et agricoles est devenu un art. Le secret de ses mixtures, il ne le partage pas. Comme les grands Chefs dans leur cuisine, il conserve dans son laboratoire les formules qui ont fait le succès de sa compagnie. Certaines portent le nom des clients pour lesquels elles ont été conçues.  
 
Son métier, François Perron l’a vu évoluer avec le temps. Il a été le témoin privilégié de l’évolution des mentalités. Les industries qui pouvaient polluer autant qu’elles voulaient dans les années 80 sont depuis une quinzaine d’années confrontées à des demandes citoyennes. L’olfactométrie a elle aussi donné naissance à des métiers dont personne n’avait entendu parler. On a maintenant des Jury de nez, des Comités de citoyens et on peut croiser des personnes prélevant des échantillons d’odeur. 
 
Pour aller plus loin dans cette réflexion :
 
 
 
Rédigé par OdoMag