Désodorisants ou polluants ?

Désodorisants ou polluants ?

En traversant les époques, les parfums ont toujours fasciné les hommes. Élixir sacré aux vertus mystérieuses, privilège luxueux des rois et des reines, objet de séduction : le parfum a laissé son empreinte dans l‘Histoire. Mais quelle est donc cette histoire ?

 
Le mot "parfum" est un dérivé du mot latin "parfumare" signifiant "à travers la fumée". L'histoire du parfum débute avec les Sumériens (civilisation située dans le sud de l'Irak, la Mésopotamie). Tous les peuples antiques en ont fait une grosse consommation, notamment les Égyptiens (Alexandrie possédait d’‛importantes fabriques). Même s‛il a eu aussi un usage profane, il était surtout utilisé lors de pratiques religieuses (offrandes aux dieux ou embaumement des corps). Le commerce du parfum a aussi fait la prospérité des villes phéniciennes et grecques. Les techniques de production étaient simples et le resteront jusqu’à la fin du Moyen âge. Par contre le grand bouleversement se produira à la fin du Moyen âge et à la Renaissance.
 

Alambic et alcool

 
Deux innovations verront le jour : d'une part, le perfectionnement de l'alambic d’invention arabe avec un système de refroidissement facilitant la distillation. Et d'autre part, la découverte de l'alcool éthylique qui permettait de donner au parfum un support autre que les huiles ou les graisses.
 
De nouvelles techniques seront alors mises au point pour mieux recueillir l'essence des fleurs fragiles. Le vaporisateur ne verra le jour qu'environ un siècle plus tard.
 
 

Produits de synthèse

 
La dernière grande révolution apparaîtra à la fin du 19e siècle avec l'essor industriel et publicitaire dont les conséquences sont notamment la fabrication en série des conditionnements, l’apparition des grands magasins, et surtout des premiers produits de synthèse.
 
Ainsi, jusqu‘à la montée en puissance de la chimie organique à la fin du XIXe siècle, les parfums sont composés principalement à partir de produits d’origine végétale 
auxquels s’ajoutent quelques composants d’origine animale comme le musc ou l’ambre gris. On les qualifierait aujourd’hui de « produits bio ».
 
 

Une foule de produits

Dans la foulée de cette grande révolution, est apparue une infinie diversité de produits contenant des parfums : une multitude de produits ménagers, plus particulièrement, les sent-bon, chandelles et huiles parfumées désodorisantes de toutes sortes, offrant une incroyable variété de fragrances, dont les nouvelles civilisations font une grande consommation.
 
Organe des sens très subtil, le nez permet à l’homme de reconnaître quelque 10 000 senteurs différentes à des concentrations infimes et de distinguer les bonnes odeurs des mauvaises. Musqué, santalé, ambré, boisé… Qu'est ce qui permet de caractériser une odeur ? Le message sensoriel bien sûr, qui reste intimement lié à la connaissance qu'a le sujet de ce qu'il sent, à sa propre culture et à sa façon de l'exprimer. La perception se situe donc au carrefour de la physiologie, de la psychologie, de la culture et de la linguistique. Les bonnes et les mauvaises odeurs sont ainsi dépendantes d'un code social et d'une hiérarchie qui reste très culturelle.
 
Pourtant, on observe un effet d'accoutumance à toutes les odeurs, quelle qu'en soit la qualité, probablement dû à l'action de mémorisation-saturation : les parfums ne sont pas éternels et le remplacement d'un mélange par un autre réactive son intérêt.
 

Et la santé dans tout cela?

 
Nous en arrivons donc à la question qui nous intéresse aujourd’hui : Sent-bon, chandelles et huiles parfumées : désodorisants ou polluants ? titre de l’article que Mme Isabelle Ducas a mis en ligne en février 2012.
 
Elle y relate que les trois-quarts des ménages américains utilisent des « sent-bon » dont les ventes ont augmenté de 6 % au cours de la dernière décennie pour atteindre un total de 3.3 milliards de dollars 
en 2010.
 

Les parfums ont mauvaise presse

 
Toutefois, elle relève que depuis quelques années, les parfums d’intérieur ont mauvaise presse, des études ayant démontré que de nombreux produits parfumés contiennent des produits chimiques dont l’utilisation est liée à plusieurs problèmes de santé comme le cancer ou des problèmes respiratoires.
 
Les études sont alarmantes : on trouve une trentaine de substances toxiques dans 25 désodorisants et autres produits parfumés d’entretien ménager, de soins personnels. Parmi ces substances, le formaldéhyde et le chlorure de méthylène sont des cancérigènes potentiels. D’autres peuvent provoquer des problèmes de fertilité, des irritations des yeux ou de la peau, des étourdissements, des maux de tête, des nausées, de l’asthme ou divers problèmes respiratoires. 
 

Les phtalates

 
Des études aux États-Unis pointent du doigt les phtalates, un groupe de produits chimiques accusés de perturber le système endocrinien et de causer le cancer. Un rapport publié en 2007 souligne que parmi 14 désodorisants, 12 contenaient des phtalates. On les retrouve également dans les produits à vaporiser, les gels ou les huiles et tout particulièrement dans les appareils que l’on branche pour chauffer une huile et en diffuser l’odeur.
 

Santé Canada surveille étroitement les données scientifiques sur ces ingrédients et la plus récente phase se son Plan de gestion des produits chimiques (PGPC) a été annoncée en octobre 2011.

 

Produits naturels

 
Même les produits qui semblent à priori plus naturels soulèvent des doutes et les huiles essentielles ne seraient pas en reste. Il appert que les mentions « bio » ou « naturels » sur les emballages ne garantissent pas l’absence de nocivité. Quant à la législation qui régit les étiquettes de tels produits, un effort reste à faire qui obligerait les fabricants à divulger la liste des ingrédients sur leur emballage.
 
La majorité des produits désodorisants ne faisant que masquer les odeurs sans les éliminer, Marc Éthier, auteur des guides Ménage vert et Zéro toxique, suggère que, plutôt que de couvrir les mauvaises odeurs, il convient d’en trouver la source et de remédier au problème en cause. Il propose également quelques recettes simples à base d’épices ou d’écorces naturelles qui permettraient d’assainir l’air ambiant. Au Québec, la compagnie OdoControl International développe des produits destructeurs d’odeurs qui ne masquent pas mais neutralisent les odeurs à la source. Leur gamme couvre tous les aspects de la vie quotidienne (maison, petits animaux, sport, etc.) mais leur distribution est pour le moment, malheureusement, un peu limitée géographiquement. Pour connaître les magasins qui proposent leurs produits : info@odocontrol.com.
 
Pour aller plus loin :
 
Rédigé par OdoMag