Le cancer et le chien

Le cancer et le chien

La maladie a une odeur, chaque maladie a la sienne. Le personnel soignant le sait, lui qui côtoie la maladie quotidiennement. Et puis, experts ou néophytes qui se sont penchés sur les immenses capacités olfactives des chiens l’on appris aussi. Ainsi les chiens communiquent-ils avec leurs congénères, leurs familiers et leur environnement.

 

Les cellules  olfactives

 
Elles sont appelées cellules réceptrices : leur nombre est évalué à 5 millions chez l'homme et 35 fois plus chez le chien. Ce sont des véritables neurones sensoriels.
Par exemple, on estime à :
  • 150cm2 à 200 cm2 la surface chez un berger allemand ou un labrador (150 à 200 millions de cellules olfactives)
  • 100 millions de cellules chez le fox terrier ou le bulldog
  • 4 cm2 et 5 millions de cellules olfactives chez l'homme
 
Les chiens ont une muqueuse olfactive plus étendue et des récepteurs olfactifs plus nombreux que l'homme, mais en plus la sensibilité unitaire de chacun de ces récepteurs semble meilleure chez les canidés que chez les humains.
 
L'aire cérébrale consacrée au traitement des informations olfactives est également plus étendue chez le chien que chez l'homme.
 
 

Analyse des odeurs 

 
Comme la gustation, l'olfaction est un sens chimique, mais l'analyse des odeurs est un processus bien plus complexe que celui des saveurs. Si une saveur se classe selon quatre primaires : l'amer, le sucré, l'acide ou le salé, la gamme de l'odorat semble beaucoup plus étendue (de 4 à 44 primaires selon les chercheurs).
 
Il semble aujourd'hui admis que le stimulus est composé de molécules à l'état gazeux amenées par le mouvement inspiratoire. Les deux modalités de stimulation sont la voie nasale et la voie rétronasale (depuis la cavité buccale à travers le pharynx).
 
La molécule odoriférante doit entrer en contact direct avec la muqueuse. En outre, pour être active, elle doit présenter une composition chimique qui la rende capable d'entrer en interaction avec les cellules nerveuses réceptrices de la muqueuse olfactive.
 

La perception  olfactive 

 
Le seuil de sensibilité olfactive est défini comme la plus petite concentration d'une substance volatile nécessaire pour donner naissance à une sensation d'odeur.
 
On peut observer expérimentalement que le seuil de réponse aux odeurs est extraordinairement bas. Pour les corps chimiques les plus actifs (les plus odorants), ce seuil peut atteindre chez le chien une dilution de un million de milliardième (10 puissance -15) : l'odorat du chien est 1 million de fois plus sensible que celui de l'homme.
 
Chaque récepteur stimulé par une molécule active envoie une information dans les bulbes olfactifs; cette information est  distribuée et interprétée dans différentes zones du cerveau, entraînant parfois une réaction active du chien, consciente ou inconsciente.
 
La latence d'une sensation est d'environ 0,5 seconde.
 

Odeur et société 

 
Même s'il est avéré que l'odorat a perdu de son importance chez l'homme, il conditionne encore de façon consciente ou inconsciente un grand nombre de comportement sociaux. Dès la naissance, alors que la vision et l'ouïe ne sont pas développées, le chien est capable de sentir sa mère et de la retrouver à l'odeur.
 
En vieillissant, il perdra progressivement la vue et l'ouïe, mais conservera jusqu'au bout son odorat. À travers le temps, le chien a démontré qu’il pouvait être utile à l’homme : à la chasse, au sauvetage des personnes ensevelies sous les avalanches, à la recherche ou au secours des personnes portées disparues, dans le dépistage des drogues, des mines antipersonnel, des maladies et, plus récemment, le dépistage de plusieurs formes  de cancer.
 
 
Forte de son expérience dans le milieu médical, Mme Isabelle Fromantin, première infirmière française à obtenir un doctorat en sciences et ingénierie, se sert des chiens dans ses travaux de recherche afin de mettre la détection canine au service du dépistage précoce du cancer. 
 
Ses travaux s’intéressent principalement aux matériaux (dispositifs médicaux) adaptés à la physiothérapie des plaies (organisation bactérienne et biofilm), ainsi qu’aux composés organiques volatils (notamment odorants) des plaies. Dans la foulée de ce type de dépistage du cancer qui existe déjà dans d’autres pays, aux États-Unis notamment pour le cancer de la prostate, son objectif premier est de proposer des solutions de dépistage de cancer alternatives à la mammographie, type de dépistage qu’elle voit comme une méthode fiable, simple, non invasive et peu coûteuse.
 

Projet KDOG

 

Experte en plaies et cicatrisation, elle dirige à présent des recherches au sein de l’Institut Curie à Paris et a rallié autour de son projet KODG une équipe pluridisciplinaire composée de soignants, de pathologistes, de chimistes et d’experts cynophiles, prêts à mettre le formidable odorat des chiens au service du progrès médical.

 
La première phase consiste au dressage des chiens : chaque chien est formé entre ses 14 et 18 mois et peut travailler en moyenne jusqu’à ses 9 ans. L’apprentissage dure de 3 à 6 mois, de la mémorisation olfactive primaire des échantillons à un seuil très faible de détection des cellules infectées.
Les échantillons son prélevés à l’Institut Curie puis envoyés aux chiens, qui eux, sont dans un centre spécialisé avec leurs éducateurs. Les animaux sont filmés en permanence pour que leur comportement face à l’odeur des tumeurs soit intégralement étudié par l’équipe. Les chiens ne sont pas en contact avec les patientes.Cette recherche clinique ayant pour but de produire des études et des résultats scientifiques approfondis, Isabelle Fromantin et son équipe pourraient contribuer à un avancement majeur de la façon de dépister le cancer du sein ainsi que d’autres cancers, en France et ailleurs dans le monde.
 
Tout un collectif composé d’associations, anciens patients et bienfaiteurs attentifs se mobilise autour de ce projet qui se veut citoyen et participatif.
 
 
En savoir plus 
 
 
 
Rédigé par OdoMag