Odeur et santé

Odeur et santé

 

En 2015, en Angleterre, Joy Milne, dont le défunt mari était atteint de la maladie de Parkinson, attire l’attention des chercheurs britanniques. Quelques années avant l’apparition des premiers symptômes de la maladie, Joy avait senti un changement au niveau de l’odeur de son mari. 

 

Ce n’est que bien plus tard, lorsqu’il tombe malade et qu’elle rencontre d’autres personnes souffrant de Parkinson qu’elle comprend que cette odeur se retrouve chez toutes les personnes atteintes de la maladie.

 

Étonnés par ce phénomène, les chercheurs ont alors décidé d’effectuer une série de tests avec Joy. Les résultats se sont avérés surprenants puisqu’elle est capable d’identifier les tee-shirts appartenant à des malades de Parkinson juste en les sentant.

 

Visionnez les vidéo et retrouvez cette histoire sur le site de la BBC : https://goo.gl/z6lXGI

 


Le flair des chiens pourrait détecter les cancers

 

En 2016, en France, l’Institut Curie tente une expérience originale, celle d’entraîner des chiens à détecter le cancer du sein grâce à leur odorat (voir OdoMag 4).

 

Plusieurs études, à travers le monde, se sont déjà intéressées à l’odorat des chiens dans la recherche active contre le cancer. Ainsi, des chiens ont déjà été testés sur la détection du cancer de la prostate à partir de traces odorantes laissées dans les urines. D’autres ont pu mettre à profit leur excellent flair pour trouver des cancers du poumon, avec un taux de réussite de 70%.

 

Suite à ces résultats encourageants l’Institut Curie et Jacky Experton, pionnier des techniques cynophiles, ont pu mettre en place le projet Kdog qui a pour objectif de vérifier si l’odorat des chiens est susceptible d’identifier les cancers du sein - voir http://www.kdog.fr/

 


Un entraînement inédit pour des chiens

 

Ainsi, depuis septembre 2016, Thor et Nykios, des bergers malinois de deux ans, sont l’objet de toutes les attentions de Jacky Experton, leur dresseur, qui leur fait suivre un entraînement spécifique et inédit.

 

Après une phase de mémorisation, Nykios est entraîné à reconnaître des composés odorants extraits de tumeurs du sein et déposés sur un tissu duveteux. Thor, quant à lui, doit reconnaître des odeurs du cancer à partir de tissus imprégnés de la transpiration de la peau du sein de patientes atteintes de ce type de cancer.

 

Pour cela, les chiens doivent se rendre dans une pièce aménagée spécifiquement à l’usage de cette étude. On y trouve quatre trompettes sur lesquelles sont vissés des bocaux qui contiennent les échantillons fournis par l'Institut Curie. Ils effectuent 15 passages par jour.

 


Pour ne pas perturber les résultats, les chiens travaillent séparément et personne, mis à part le dresseur, ne peut pénétrer dans la salle avec eux. Les séances sont filmées pour pouvoir être analysées. Ensuite, Thor et Nykios devront échanger leur place afin que les scientifiques puissent confirmer les résultats de cette étude.

 


Nez électroniques

 

Aujourd’hui, les chercheurs se penchent sur l’utilisation des nez électroniques pour aider à diagnostiquer les maladies.

 

Une collaboration internationale

 

Ces dernières années, des scientifiques du monde entier se sont intéressés à l’odeur des maladies. À tel point, que des études ont déjà été lancées dans différents pays (voir ci-dessus).

 

Face à ces nouvelles connaissances, qui peuvent ouvrir des portes très intéressantes en matière de diagnostic, 14 laboratoires à travers le monde ont uni leurs forces pour mener un travail de grande ampleur sur le sujet sous la direction du Professeur Hossam Haick du Technion-Israel Institute of Technology Department of Chemical Engineering. 

 

Professeur Hossam Haick

 

Les résultats de cette collaboration ont été publiés dans un article signé par Morad Nakhleh, chercheur à l’unité Inserm Hypertension artérielle pulmonaire en France, il explique dans son article comment son laboratoire et les 13 autres, ont pu créer un nez électronique capable d’identifier 17 maladies à leur simple odeur.

L’étude est disponible ici en anglais : https://goo.gl/R1PCtq

 


Identifier les odeurs des maladies

 

Pour mener à bien leur projet, les chercheurs ont fait souffler dans un ballon 1 404 personnes, touchées par différentes pathologies ou en bonne santé. L’objectif étant de récolter leur haleine composée, entre autres, de molécules volatiles.

 

Le nez électronique, doté d’un support conducteur de l’électricité, constitué de nanoparticules d’or et d’un matériau synthétique très fin, utilise l’haleine pour effectuer ses analyses. Les molécules volatiles créent une modification du courant électrique dans le conducteur permettant de les identifier grâce à des algorithmes de reconnaissance des odeurs.

 


Les résultats finaux sont significatifs puisque ce nez électronique a pu obtenir dans 86 % des cas des diagnostics justes. La justesse des conclusions varie entre 64 % et 100 % selon la difficulté à distinguer certaines pathologies. 

 

Pour affiner les résultats, les chercheurs ont aussi fait appel à différentes techniques comme la chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse. Actuellement, les équipes de chercheurs poursuivent leur travail afin d’améliorer leur nez électronique pour pouvoir proposer un appareil moins coûteux qui pourrait être utilisé facilement par des médecins, et même, pourquoi pas, par le grand public.

 

Plus d’information : https://goo.gl/ndJtVm

 

Un nez électronique issu des travaux de l’équipe du Pr Hossam Haick, à Technion en Israël. Dans le futur, il suffira de souffler dans ce genre d’appareil pour obtenir une analyse de son état de santé. 

Rédigé par OdoMag

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